Le modèle des Sociétés coopératives et participatives (Scop) dans l’industrie n’est pas une évidence. Alors qu’elle était en plein développement, Delta Meca est devenue la première Scop d’amorçage de France en 2015 et a réussi sa transformation. Nantes Métropole Entreprises a rencontré Sophie Letort, présidente du CA et Arnaud Chevalier, directeur général.
95 % des salariés et salariées sont devenus sociétaires
Les deux fondateurs, Christian Caillé et Mireille Bréheret, savaient dès la création de Delta Meca en 2008 qu’ils transmettraient l’entreprise aux salariés. Cette société d’usinage et de chaudronnerie de pièces mécaniques unitaires d’urgence s’est rapidement développée. En 2015, elle est devenue la première Scop (Société coopérative et participative) d’amorçage de France en 2015. « Une Scop d’amorçage est un dispositif qui permet à la société d’obtenir le statut de Scop. Mais les salariés ont 7 ans pour devenir majoritaires, explique Sophie Letort, présidente du CA. Cela permet de transmettre des entreprises qui valent de l’argent etque les salariés ne peuvent pas racheter d’un seul coup. Les Scop peuvent avoir cette image de rachat d’entreprise en difficulté mais Delta Meca était viable et saine donc l’amorçage permet de rembourser la dette sur plusieurs années. » Finalement le rachat a été réalisé en 5 ans. Les dirigeants-fondateurs ont quitté l’entreprise en 2020. « Le passage en Scop a été imposé par les fondateurs mais 95 % des salariés et des salariées sont devenus sociétaires, ça nous convenait », précise Arnaud Chevalier, directeur général. Chaque sociétaire a mis 5 000 € dans l’opération.
Un passage qui se prépare
Les futurs sociétaires ont été formées avec l’Urscop (Union régionale des Scop) entre 2013 et 2015. Un comité directeur a également été mis en place pour organiser la transition. « Ce n’est pas un mode de gouvernance classique, surtout dans l’industrie, indique Sophie Letort. Il fallait que les salariés comprennent et adhèrent. » Entre 2015 et 2020, avec les fondateurs encore présents, le mode de fonctionnement évolue peu. Arnaud Chevalier et Damien Vostry, les nouveaux dirigeants élus veulent vraiment changer les choses. « Avec le Covid, nous nous sommes concentrés sur l’activité de Delta Meca. Ce qui a été une erreur car il y avait des tensions dans l’entreprise. Le modèle Scop n’était finalement pas si bien compris et intégré, se rappelle Arnaud Chevalier. La CCI nous a accompagné pour ré-expliquer, reposer les bases, former les membres du CA. Les sociétaires ont com-pris que nous avons tous le même intérêt à ce que l’entreprise fonctionne, que nous devons travailler tous ensemble et que le partage est équitable. »
Un rythme trouvé à maintenir
Si la gouvernance est aujourd’hui apaisée et fonctionne, la vigilance reste de mise. « Passer du métier de soudeur à administrateur ne se fait pas en 5 minutes, ajoute Sophie Letort. La montée en compétences sur le plan financier notamment, demande du temps, de l’énergie. Nous discutons beaucoup en conseil d’administration, entre les séances également pour être transparent et que tout le monde comprenne. » Depuis le passage en Scop, le chiffre d’affaires est passé de 4,9 millions d’€ à 7 millions. Un lien de cause à effet ? « Je l’espère ! avance Arnaud Chevalier. L’ambiance est plus sereine dans les ateliers. Les salariés-associés sont plus impliqués et notre niveau de performance est excellent. L’intelligence collective permet des décisions plus abouties et peut-être que nos clients viennent aussi pour ça avec la valeur que prend la RSE aujourd’hui. »
Bilan carbone et feuille de route
Delta Meca a démarré, début 2025, une démarche RSE par un audit de l’entreprise. Son bilan carbone va être réalisé. 320 panneaux solaires vont être installés et un plan d’action va être élaboré pour les années à venir. « En trois ans nous avons déjà réduit de 30 % notre facture énergétique, l’idée est d’aller plus loin et de produire plus durable. », conclut Arnaud Chevalier. Delta Meca Passage en Scop réussi grâce à l’amorçage. Les Scop peuvent avoir cette image de rachat d’entreprise en difficulté mais Delta Meca était viable et saine donc l’amorçage permet de rembourser la dette sur plusieurs années.
Ce portrait est issu du magazine Les EngagéEs Nouvelle fenêtre.
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Nantes Métropole Entreprises a rencontré Sophie Letort, présidente du CA et Arnaud Chevalier, directeur général de Delta Meca, la première Scop d'amorçage de France.