Khadija Nemri donne une 2e Chance aux jeunes

Après une vingtaine d’années de carrière au service du développement économique des médias, Khadija Nemri s’est formée aux enjeux sociaux et écologiques. Avec cette nouvelle casquette, elle s’est attelée au développement de plusieurs projets à impact, notamment en faveur des jeunes issus des quartiers prioritaires, et depuis juin 2024, elle est directrice de École de la 2e Chance Nantes-Saint-Nazaire.

Faire évoluer les pratiques

Elle ne fait pas les choses à moitié. Lorsqu’elle entame sa bifurcation professionnelle, Khadija Nemri se lance dans le développement de plusieurs projets. En 2021, par exemple, elle fonde la KoulasKool, une école pour former des jeunes issus des Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV) au métier de commercial spécialiste de la transition écologique. “Ces projets m’ont permis de renforcer ma compréhension des enjeux liés à l’insertion professionnelle des jeunes, tout en cernant de manière plus fine les attentes des entreprises en matière de recrutement. J’y ai aussi pris conscience des ajustements nécessaires pour faire évoluer nos pratiques de l’insertion professionnelle”, raconte Khadija Nemri. Un parcours riche qui l’a menée l’année dernière à être nommée directrice de l’E2C Nantes Saint-Nazaire Nouvelle fenêtre qui accompagne depuis bientôt 14 ans les jeunes les plus éloignés de l’emploi vers l’insertion professionnelle.

Lever tous les freins à l’emploi

“L’E2C est un dispositif original, unique en France. Un de nos objectifs est d’encore mieux nous synchroniser avec les réalités économiques de notre territoire. Avec les métiers qui recrutent aujourd’hui et ceux qui structureront le marché de l’emploi de demain. Nous sommes par exemple en train de mettre en place un parcours dédié aux métiers de l’économie circulaire, une filière en pleine expansion”, explique Khadija Nemri. Sur les territoires de Nantes et Saint-Nazaire, l’E2C s’adresse aux jeunes entre 16 et 30 ans, sans diplôme ou en décrochage scolaire. Ces jeunes, issus des QPV, du milieu rural et autres catégories sociales rentrent alors dans un parcours personnalisé. D’une durée de maximum 7 mois et demi, il est basé sur l’approche par compétences. Les jeunes vont définir un projet professionnel. L’objectif en sortie de parcours : un accès à l’emploi ou une formation qualifiante. “Le fait d’être éloigné de l’emploi est le seul critère de sélection pour rentrer à l’E2C. Notre objectif est de lever les freins à l’emploi en favorisant à la fois une insertion sociale, citoyenne et professionnelle”, précise Khadija Nemri.

Mobiliser les entreprises

L’une des particularités de l’E2C : 35 % du parcours se fait en stage. “L’école ne peut exister sans les liens étroits qu’elle tisse avec le monde de l’entreprise. Accueillir un stagiaire E2C, c’est bien plus qu’un geste solidaire pour l’entreprise. C’est une manière concrète d’anticiper ses recrutements sur des métiers en tension et de valoriser l’apprentissage. Mais aussi d’incarner une politique RSE avec un impact local concret et de renforcer sa marque employeur”, explique Khadija Nemri. Depuis la perte de 20 % de son budget il y a quelques mois, l’E2C lance un appel aux entreprises. “On imagine souvent qu’il faut mobiliser des moyens considérables pour soutenir une action solidaire. Pourtant, l’un des premiers leviers à la portée des entreprises, c’est simplement de choisir où va leur taxe d’apprentissage. Aujourd’hui, en flécher une partie vers l’E2C qui est en difficulté est extrêmement soutenant. Si notre structure venait à disparaitre, que ferons-nous de ces jeunes ?”

Accompagner 400 jeunes par an

Si l’E2C Nantes Saint-Nazaire possède déjà 74 % de sortie positive en emploi ou en formation, Khadija Nemri a quant à elle un objectif plus radical. “D’ici 2030, si nous consolidons notre existence, l’objectif est d’accompagner 400 jeunes par an, dont 40 à 45 % issus des QPV, avec pour ambition que 100 % d’entre eux trouvent une issue positive.” Une ambition forte qui se matérialise aujourd’hui avec un renforcement de la pédagogie, un développement de la citoyenneté, un rapprochement des jeunes vers le monde de l’entreprise et la mise en place d’événements territoriaux.