Ideuzo, agence de communication et marketing RH, a développé une démarche proactive pour briser le silence, sensibiliser ses équipes et outiller l’organisation face aux violences conjugales et sexistes, considérant cette action comme un devoir humain fondamental.
L’intention initiale
L’initiative est née d’une conviction simple : une entreprise ne peut rester à l’écart de sujets aussi graves que les violences conjugales. Ce n’est ni une activité principale, ni une opération d’image, mais une responsabilité sociétale.
C’est le moteur qui a guidé Ideuzo, agence de communication et marketing RH de plus de 50 salariés et dont le siège est à Nantes, pour agir face aux violences conjugales et sexistes.
L’objectif principal était de briser le silence, d’informer les équipes, et surtout, de créer un espace de parole. Cette démarche s’inscrit dans le prolongement du soutien à « La Maison des Femmes de Saint-Denis » en 2023. L’ambition était d’aller au-delà d’un simple soutien financier en organisant des interventions, des sensibilisations (ciné-débats) et en élaborant un guide interne d’actions.
La mise en œuvre
La mise en œuvre de cette action s’est déroulée en plusieurs étapes clés : écouter, comprendre, se former, sensibiliser, puis s’engager pour être réellement utile.
- Écoute et consultation : Avant toute action, l’entreprise a pris le temps d’écouter ses collaborateurs, ses partenaires, et surtout les expert(e)s du sujet. Le message des expert(e)s était clair : une entreprise souhaitant aborder ce sujet doit être formée, préparée et responsable.
- Formation d’un référent interne : Un référent VHSS (Violences et Harcèlement sexistes & sexuels) a été formé en interne. Cette personne de confiance est spécifiquement préparée à l’accueil de la parole, garantissant que l’entreprise sache vers qui orienter la personne concernée. C’était une condition non négociable pour ouvrir la parole et savoir comment agir et accompagner les salariés.
- Sensibilisation générale de l’entreprise : L’ensemble de l’entreprise – collaborateurs, managers et direction – a été sensibilisé. Un ciné-quiz interactif, organisé avec un partenaire historique Goods to Know, a permis d’aborder le sujet de manière différente, sans culpabiliser ni édulcorer.
- Élargissement aux parties prenantes : Deux événements majeurs ont été organisés par Ideuzo à Nantes et à Paris, invitant clients, fournisseurs, partenaires et associations. Ces événements ont inclus des interventions de Ghada Hatem, fondatrice de « La Maison des Femmes », dont l’éclairage sur le cycle des violences, le rôle des témoins et les responsabilités de l’entreprise a généré une prise de conscience collective.
- Co-construction d’un guide ressource Nouvelle fenêtre : Forts des conseils de Ghada Hatem, un guide ressource a été co-construit. Cet outil, à la fois informatif et engageant, vise à fournir des indications concrètes sur la manière de réagir en tant qu’entreprise face à une situation de violence conjugale.
Les résultats obtenus
L’impact de cette action a dépassé les attentes initiales :
- Libération de la parole : Des témoignages de salariés ont afflué très rapidement, concernant des situations actuelles et des histoires passées, longtemps tues, certaines douloureuses, d’autres empreintes de résilience.
- Réalisation de l’ampleur du problème : Le sujet, initialement perçu comme « à la marge », est devenu très concret et proche. L’entreprise a pris conscience que de nombreuses personnes, femmes et hommes, sont concernées de près ou de loin par ces violences – victimes directes, témoins silencieux, collègues démunis, managers mal à l’aise.
- Amélioration de la compréhension interne : Ce travail a permis de mieux comprendre certains comportements, parfois jugés « compliqués » ou « inadaptés », comme étant en réalité des mécanismes de protection. Cela a conduit à une prise de conscience des biais internes et des maladresses parfois bien intentionnées mais inadaptées.
- Gains culturels : Bien qu’il n’y ait pas eu de retombées économiques quantifiables, les gains pour Ideuzo sont jugés précieux :
- Une culture d’entreprise plus à l’écoute.
- Des repères clairs pour agir sans s’improviser « sauveur ».
- Une vraie prise de conscience collective de la responsabilité que peut et doit prendre une organisation face à ces situations
L’entreprise reconnaît que cela ne règle pas tout, mais espère être « mieux armée pour voir, entendre, réagir sans nuire » et se positionne dans un cycle d’amélioration continue.
Facteurs clés de succès et écueils à éviter :
- Reconnaître ses limites : Il est essentiel d’accepter que l’organisation ne puisse pas tout résoudre, ni tout prévoir. La réalité du terrain est souvent complexe, confrontant l’entreprise à des cas difficiles, des émotions fortes et des limites juridiques, organisationnelles et humaines.
- Adapter les actions aux moyens réels : Proposer des actions à la hauteur de ce que l’entreprise peut réellement assumer, sans sur-promettre ni sous-réagir. Il s’agit de s’organiser, de former et de baliser la prévention des violences sexistes et conjugales.
- Prioriser la sécurité de la personne concernée : lors d’une remontée, la priorité est de mettre en sécurité la collaboratrice ou le collaborateur concerné. Tout le reste (communication, engagement, image de marque) vient après.
- Formation avant l’action : Il est crucial de se former en interne avant d’agir.
- Humilité et apprentissage continu : Rester humble est fondamental, car l’apprentissage est un processus quotidien dans ce domaine complexe.
Témoignage
« Parce que le silence, lui, ne sauve personne. […] Le facteur clé de succès numéro 1 est de garder en tête un seul objectif prioritaire : mettre en sécurité la collaboratrice ou le collaborateur concerné. Tout le reste (communication, engagement, image de marque) vient après. Si on commence à inverser l’ordre des priorités, on fait fausse route. »
Elodie Friot, Responsable RSE & Inclusion des Diversités, Ideuzo