Près de quatre ans après avoir acheté l’Hydroptère aux enchères à Hawaï, Gabriel Terrasse a réussi le tour de force de réunir toutes les pièces quartier Chantenay à Nantes. Le propriétaire du bateau veut en faire une plateforme de R&D dédiée aux aux technologies de pointe à faible impact.
Un travail collaboratif
L’Hydroptère, né en 1994, est un bijou d’ingénierie imaginé par Alain Thébault et Éric Tabarly pour voler au-dessus de l’eau. « Ce qui a été fabuleux dans la conception et les évolutions de ce bateau, s’enthousiasme Garbiel Terrasse, c’est le travail collaboratif entre des grands groupes industriels. La coque principale est sortie des chantiers de la DCN (aujourd’hui Naval Group) à Lorient, mais les bras de liaison qui maintiennent la coque et les flotteurs ensemble, les foils latéraux en carbone et en titane ont été construit par Airbus à Nantes, les points de jonctions en titane par Airbus à Toulouse et le foil arrière par la CNIM à la Seyne sur Mer avec des matériaux destinés aux satellites de la branche « espace » de Thalès. »
Airbus, IDEA et SECO Marine en soutien
C’est cet esprit collaboratif que Gabriel Terrasse s’évertue à recréer avec le projet Hydroptère 2.0. Bloqué à San Francisco, dans le port de son ami Chris Welsh avec qui il a acheté le bateau, c’est grâce à un contact chez Airbus que les pièces de l’Hydroptère vont commencer à revenir à Nantes. « Airbus a proposé de transporter les pièces dans les cales du Ville de Bordeaux, un roulier qui fait la liaison entre Mobile dans le Golfe du Mexique et Montoir de Bretagne ». Les premières pièces arriveront en 2021, mais il faudra attendre la fin du mois de février 2023 pour qu’elles arrivent toutes à Nantes. « En plus du soutien d’Airbus, nous avons également pu compter sur l’aide d’IDEA pour le transport par la route et de SECO Marine du Groupe Fetis pour la mise à disposition d’un site de stockage et rénovation ».
Expérimenter des technologies de pointe
La vingtaine de bénévoles qui accompagnent Gabriel Terrasse dans ce projet fou vont maintenant pouvoir passer aux étapes suivantes. « Nous allons commencer par un état des lieux du bateau, ensuite il faudra faire des réparations puis le ré-assembler et l’équiper pour pouvoir le mettre à l’eau en 2024 ». L’idée, c’est de faire de cette bête de course, toujours le plus rapide en pleine mer avec une vitesse de pointe de 55,5 nœuds (un peu plus de 102km/h), une plateforme R&D ouverte aux entreprises et consortiums de toutes tailles et dans tous les domaines d’activité. « Nous voulons faire de l’Hydroptère un véritable catalyseur d’innovations ouvertes aux entreprises, aux industriels et aux partenaires académiques. Avec ce bateau, nous apportons un contexte hors du commun pour expérimenter et développer des technologies de pointe ».
Une plateforme R&D tournée vers le durable
Certaines entreprises n’ont pas attendu la future mise à l’eau et collaborent déjà avec l’équipe. Une formule « gagnant-gagnant ». SECO Marine qui héberge le bateau va faire de la R&D sur son offre d’énergie propre à partir d’hydrogène, Stirweld, une entreprise rennaise spécialisée dans le soudage par friction malaxage (FSW) de l’aluminium va participer à la création d’une nouvelle ferrure H, la pièce qui subit le plus de contraintes dans le bateau. « Derrière, il y a aussi une volonté de favoriser le développement durable, explique Gabriel Terrasse, par exemple, avec la solution de Stirweld on utilise 8 fois moins de matière qu’avec une conception classique usinée et on réduit très nettement l’impact environnemental et la production de CO2 ». Plus tard, Gabriel Terrasse aimerait mener avec l’Hydroptère, un projet de recherche sur les foils. « Une fois qu’on a amélioré un foil, on peut améliorer une hélice et faire en sorte que toutes les hélices et donc les bateaux et navires qui en sont équipés, soient plus respectueux de l’environnement ».
À la recherche de nouveaux partenariats
Gabriel Terrasse le reconnaît, la métropole nantaise est un « terrain idéal » pour ce genre de projet. Soutenu par le Nantes City Lab maritime et installé à quelques encablures du Brick, le nouveau bâtiment totem de la filière vélique, l’Hydroptère 2.0 compte bien suivre le vent. « Nous sommes en contacts avec plusieurs acteurs de la filière de transport maritime à la voile », confirme Gabriel Terrasse. Côté académique, l’équipe travaille aussi avec l’Université de Nantes. « Aujourd’hui, nous proposons aux entreprises et consortiums d’embarquer sur l’Hydroptère pour booster leur R&D, mais également pour bénéficier d’une visibilité mondiale ».